par Jean-Pierre MUBANGA-NYEMBWE, Professeur à
l’Université Technologique BelCampus de Kinshasa, RD CONGO.
Dpuis
la conférence de Tunis en novembre 2005, le Sommet Mondial sur la Société de
l’Information (SMSI) a adopté un ensemble commun de principes et une vision de
la société de l'information, identifié des principes clés et décrit les
principaux défis vers « une société de l’information pour tous » fondée sur la connaissance
partagée.
Si la société de l’information
se développe rapidemment, , l’accès au cybermonde est très inégal selon la
localisation géographique et l’Afrique demeure dans une large mesure, le
parent pauvre de la mondialisation numérique : l'écart se creuse entre les
pays développés ou émergents et l'Afrique d’une part, et entre les zônes
urbaines et rurales d’autre part surtout en Afrique.
L’implantation des Technologies de
l’Information et de la Communication (TIC) dans la République
Démocratique du Congo est symptomatique des
écueils auxquels sont confrontés la plupart des pays africains. Il s’agit
notamment : de la faiblesse des infrastructures, de l’inégalité d’accès
(non universalité), du manque (chronique) de financement, de l’inadéquation
structurelle des compétences informatiques.
Toutefois, il est de plus en
plus rare d’observer dans les pays africains une absence de schéma directeur
d’informatisation ou de politique des NTIC.
Le tryptique « Infrastructures à haut débit, ENR et FOSS »
peut être le sésame pour le développement raisonné des TIC en Afrique dans le
cadre d’une société de l’information ouverte et sécurisée.
Aussi la mise en œuvre de politiques
de développement TIC éco‑responsables alliée à la croissance d’une économie
soutenable et à des pratiques innovantes de financement devraient-elle
permettre à l’Afrique sinon de combler du moins de réduire drastiquement la
fracture numérique.
Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) ont favorisés l’émergence
d’un nouveau rapport au monde et à l’évolution de la société. Grâce à
l’avènement de la microinformatique puis d’Internet dès la décennie 1990 ainsi
que de la convergence des réseaux informatiques, la société de l’information se
développe prend son essor. Malheureusement, l’accès au cybermonde est très
inégal selon la latitude ou la localisation géographique : et en cette
année 2016 finissante, l’Afrique demeurant aujourd’hui le parent pauvre de la
mondialisation numérique.
Toutefois,
un triptyque favorable à l’émergence de l’Afrique existe.
En Afrique, la République Démocratique du Congo (RDC) - 2e pays par la
superficie et nantie de 9 voisins, – occupe une place de choix qui va nous
permettre d’illustrer les écueils de l’Afrique dans l’accès à la société de
l’information du XXIe siècle.
Nous conclurons en examinant les recommandations qui devraient permettre
aux pays africains de lever l’hypothèque du sous-développement numérique et éviter
que l’Histoire ne se répéte après le
départ calamiteux de l’Afrique aux lendemains des « indépendances »
politiques de la décennie 1960.
Pour tirer le meilleur parti de l’opportunité
offerte par la révolution numérique et les mutations du secteur des TIC, le
Gouvernement congolais avait pris l’option en 2009 de définir une stratégie qui
devait s’attacher à en maximiser les bénéfices pour la collectivité nationale,
dans le cadre d’une politique de développement durable et avait élaboré un
Document de Politique Sectorielle (DPS)[1]
pour servir de cadre de référence à la fois pour les pouvoirs publics et pour
l’ensemble des acteurs du secteur des Technologies de l’Information et de la
Communication (TIC)[2].
L’exercice 2015-2016 a vu le Ministère du
Plan proposer un nouveau Plan National Stratégique de Développement (PNSD) pour
l’ensemble des secteurs d’activité. Le Livre 2 (Chapitre 9) de ce PNSD est
consacré à « l’Economie numérique & Poste » et définit 6 axes
principaux pour la promotion des TIC en RDC, à savoir[3]:
– Généralisation de
l’accès aux réseaux et services numériques en RDC (accès réel);
– Développement de la
production et de l’offre des outils numériques en RDC ;
– Développement et
diversification des usages et services numériques en RDC ;
– Développement de l’industrie numérique locale
;
– Constitution du capital humain ;
-– Instauration de la
confiance numérique.
Ces
6 axes sont censés garantir l’accès réel aux infrastructures, assurer le
renforcement des capacités et le développement des contenus (locaux) et des
applications (dans un environnement TIC à sécuriser).
Sept ans après le « DPS-2009 »,
nous pouvons esquisser un bilan de la situation dans le secteur : des avancées
notables ont été réalisées dans les infrastructures de base mais l’informatisation
et la formation demeurent les parents pauvres de la mise en place d’une
économie numérique qui partout ailleurs dans le monde se développe à vive
allure malgré l’émergence de nouveaux problèmes sinon de défis dont la
cybercriminalité et la cyber-sécurité ne sont pas les moindres.
En 2009, du point de vue des télécommunications, avec une densité de l’ordre de 14
lignes téléphoniques pour 100 habitants (dont 0.06 lignes fixes et 14 lignes mobiles),
la RDC présentait un niveau de pénétration relativement faible par rapport à la
plupart des pays de niveau de développement équivalent. Aujourd’hui, malgré un développement fulgurant de la téléphonie
mobile (+52% en 5 ans ) cette pénétration de la téléphonie reste inférieure à
celle de plusieurs pays voisins de la zone Afrique Centrale qui, eux, dépassent
les 50 lignes pour 100 habitants alors qu’en RDC on atteint péniblement cette
donnée statistique (voir Tableau-1. ci-après). En outre, les réseaux sont
toujours concentrés sur deux grands axes, l’un au Sud-Ouest (Kinshasa – Mbuji
Mayi – Lubumbashi) et l’autre à l’Est (Bunia - Bukavu) où s’agglomèrent une
part importante des habitants (grandes villes) et des marchés rentables. Les
populations rurales, qui représentent plus de 75% de la population du pays,
n’ont toujours qu’un accès limité aux services de télécommunications : la mise
en œuvre du Fonds d’Accès Universel tarde à produire les effets escomptés.[4]
La croissance des réseaux et des services de
télécommunications en RDC s’est confirmée (nombre de clients et chiffre
d’affaires en hausse) principalement grâce au très fort développement de la
téléphonie mobile, porté par les investissements des opérateurs privés et par
la mise en œuvre du premier tronçon de la dorsale ou ‘Back Bone National (BBN)’
en fibre optique relié(e) à l’international par le point d’atterrage WACS à
Muanda (côte atlantique dans le sud-ouest de la RDC).
La RDC participe
également au projet WAFS (Western African Feeston Sytem) en plus de la connexion
au câble sous-marin WACS (depuis le 28 février 2011) et à l’implémentation du
réseau MAN-NGN, au CEDESURK, à Universitic, au NREN[7][5].
Le dynamisme du marché congolais du mobile est confirmé
par une croissance ininterrompue du Chiffre
d’Affaires des opérateurs du secteur: une augmentation annuelle moyenne de près
de 50% du parc de clients actifs depuis 5 ans et une croissance moyenne du
chiffre d’affaires sectoriel de l’ordre de 25% par an sur la même période.
Entretemps le segment de la téléphonie fixe
n’a pas connu d’évolution majeure : trois opérateurs interviennent sur ce
marché très exigu (limité à la capitale et à quelques grandes villes) pour une
clientèle d’entreprises publiques et de quelques groupes d’industriels.
Le segment de l’accès à l’Internet, lui, s’est développé ces dernières années avec
l’expansion de la téléphonie mobile et l’utilisation des « smart phones » ;
mais il reste très limité avec moins de 300 000 abonnés concentrés sur
Kinshasa et les principales villes du pays. Les tarifs d’accès restent très
élevés (en 2015 : coût moyen de 50 USD pour 6 Gigabytes mensuel, ce qui fait
dire à certains que la minute de connexion en RDC est une juteuse mercuriale)
et les bandes passantes offertes en RDC sont très limitées, du fait de
l’absence notoire d’infrastructures (nationale et internationale) à haut débit :
les réseaux d’accès métropolitains – projetés mais non réalisés - font
largement défauts.
Le réseau de référence prévu par la loi de
2002 demeure une arlésienne et les opérateurs et autres utilisateurs
indépendants ont développé leurs propres infrastructures de transmission en
fonction des besoins propres et parfois.
Comme en 2009, de nombreux réseaux
indépendants, déclarés ou non, utilisent des connexions directes par satellite
à des fournisseurs internationaux.
Le cadre légal régissant le secteur - fondé
sur un modèle de marché où un exploitant public développe un réseau de
référence fournissant aux autres opérateurs l’interconnexion (IXP) et des
capacités de transmission nationale et internationale qui avait été défini en
2002, est en cours de refonte totale pour prendre en compte les avancées dans
le domaines des TIC et les nouvelles réalités qui se sont faits jour notamment
en matière de droit de propriété intellectuelle, protection des données
personnelles, accès sécurisés aux données, cybercriminalité.
Dans ces conditions, le développement des
Technologies de l’Information et de la Communication - qui nécessite un cadre
légal et réglementaire au diapason des réalités du cyberespace où l’information
circule à grande célérité et les avancées technologiques se font à la vitesse
grand V - reste lent et dispendieux en RDC.
Si la création des infrastructures à haut
débit nécessaires au développement des TIC reste largement embryonnaire, une
nouvelle impulsion vient d’être donnée avec le lancement en mars 2015 de CAB5
(grâce à un financement de 92M USD de la Banque Mondiale), la migration (amorcée en juin 2015) de la TV analogique vers la Télévision
Numérique Terrestre (la TNT) et la présence accrue sur les bouquets numériques
par satellite(s).[6]
CAB5 c’est l’implantation d’une nouvelle
branche du BBN depuis Kasumbalesa (sud du Katanga) en direction de Beni (nord-est
de la RDC) et du Rwanda voisin sur une distance de plus de 3500 km.
Parallèlement, une portion de ce financement permet d’assurer et de concrétiser
la redondance de la fibre optique (F.O.) sur les axes déjà implantés.
Nonobstant, sur les 50.000Km de BBN prévus (cf.
Figure.1 ci‑après) pour couvrir les axes de la RDC, seuls 3.950 Km ont été
réalisés à ce jour (fin 2016); il s’agit des axes Muanda-Kinshasa sur près de
650 Km et Kinshasa-Kasumbalesa sur 3.300 Km.
FIGURE
1. PROPOSITION DE REPARTITION GEOGRAPHIQUE D’IMPLEMENTATION DU BACKBONE
NATIONAL (BBN) en RDC.
La création d’une autorité de régulation
(Autorité de Régulation des Postes & Télécommunications du Congo ou ARPTC)
par la législation adoptée en 2002 avait constitué une transition importante
vers une organisation de marché conforme aux évolutions mondiales du secteur.
Cependant, la capacité du régulateur à
exercer ses responsabilités dans une stricte neutralité et une prise en compte du « Big Money »[7]
nécessitent l’allocation de ressources suffisantes pour son fonctionnement en
RDC cela n’est pas acquis d’emblée.
Hélas, aucune structure n’a été mise en place
pour coordonner les activités dans les autres domaines des TIC non couverts par
la législation de 2002. Or depuis la suppression de fait du Service
Présidentiel d’Etudes en 1997 (qui avait pour mission, à travers son
Département de l’Informatique, de coordonner les activités informatiques sur le
plan national), la création en 2008/2009 de la Cellule Technique des
Technologies de l’Information et de la Communication au Ministère des PTT puis
sa mise en sommeil par le précédent Ministre des PTNTIC n’a pas pallié cette
carence.
Entretemps, un décret de la Primature a été
signé le 8 mai 2014 par le 1er Ministre pour la mise en place
d’une « Cellule Pour l’Informatisation des Services Publics de l’État »
(CPISPE) censée piloter la création de l’Agence Nationale des TIC, mais son
entrée en application début 2016 avec plus de 18 mois de retard n’a pas encore
fourni un schéma directeur de l’informatisation et la création de l’Agence
Nationale des TIC se fait toujours attendre.
Il y a urgence car c’est en soi un chantier
et supplémentaire et de plus incontournable pour accéder à la gouvernance
électronique de l’État.
La pénétration des TIC dans tous les secteurs
de la vie est vraiment réduite. C’est ainsi par exemple, que la proportion des
ménages disposant d’un ordinateur était, en 2007, de 0.3% (contre 10.1% au
Cameroun, 5.0% au Congo Brazzaville et 4.3% au Gabon) et celle des ménages
ayant accès à l’Internet de 0.2% (contre respectivement 5.2, 1.4 et 3.6 dans les
pays ci-dessus). En 2014 (derniers chiffres fiables connus) on se situe à moins
de 3% (voir Tableau 1 tiré du PNSD précité).
L’indice de développement des TIC (ICT
Development Index) établi par l’Union Internationale des Télécommunications
(UIT), qui mesure le niveau d’avancement des technologies de l’information et
de la communication (TIC) dans plus de 150 pays, plaçait, en 2007, avec un
indice de 0.95, la RDC à la 151ème place sur 154. Ces 3 sous-indices à savoir :
accès aux TIC, utilisation des TIC et compétences en matière de TIC, classaient
le pays respectivement à la 154ème, 151ème et 137ème position.
L’indice de développement de la gouvernance
électronique des Nations Unies, composé aussi de trois sous indices que sont :
l’indice de mesure du web, l’indice de mesure des infrastructures de
télécommunications, et l’indice de mesure du capital humain, classe la RDC -
(avec un indice de 0.2177) - 162ème sur 192 pays.
Sept ans plus tard, ces indices ont à peine
évolué.
en 2012, le taux de pénétration de l’Internet
était de 2% ; les derniers chiffres que l’Autorité de Régulation de la Poste et
des Télécommunications du Congo (ARPTC) vient d’enregistrer nous montre une
progression qui a atteint en juin 2015, 48% de taux de pénétration pour la
téléphonie mobile et 8 % de taux de pénétration pour l’Internet sur une
population réputée de 70 millions d’habitants.
Tout comme il y a sept ans, dans la plupart
des administrations et entreprises congolaises, le traitement manuel prédomine
avec les mêmes conséquences que naguère : « (i) la lenteur dans le traitement
et la facilité dans la falsification des données, (ii) la conservation peu
rassurante des données et des archives, (iii) la difficulté de consultation des
dossiers et documents et la perte de temps dans le traitement des dossiers, (iv)
les délais importants pour l’obtention des documents administratifs, (v) le
manque des statistiques fiables et, (vi) la difficulté de transmission et de
communication de l’information entre les différentes administrations et entreprises
et même au sein de celles-ci »[8].
Sans vision stratégique commune, sans plan
d’ensemble, c’est‑à‑dire absence d’un schéma directeur, sans concertation
préalable, les Administrations et Ministères ont développé leurs propres
solutions informatiques (applications et intranet) et construits ainsi des
silos informatiques qu’il sera compliqué d’urbaniser.
Outre la bureautique, les applications de
gestion opérationnelle, notamment celles qui gèrent la chaîne des dépenses ou
les impôts, ne donnent pas entière satisfaction et ne permettent pas la communication
G2G, G2B ou G2C (c’est-à-dire ni avec d’autres administrations, ni avec les
usagers desdites administrations : entreprises, particuliers, autres
services de l’État)[9].
Les projets mis en place (Banque Centrale du
Congo, OFIDA, OCC) et l’implantation de l’intranet gouvernemental en fibre
optique avec le concours du Gouvernement Coréen avaient vu quatre institutions
connectées en 2008, à savoir : la Présidence de la République, la Primature, le
Ministère de la Fonction Publique et celui des Affaires Etrangères et de la
Coopération Internationale.
En 2009, six autres Ministères ont été
connectés ; il s’agit des Ministères du Plan, des Finances, du Budget, de
la Justice, des Infrastructures, des Travaux Publics & Reconstruction,
ainsi que des Postes, Téléphones et Télécommunications (devenu PTNTIC depuis
lors).
Programmée à partir de 2010, la connexion de
tous les autres ministères a fait long feu et le Ministère des PTNTIC n’était
plus connecté Mais son intégration dans l’Hôtel du Gouvernement (inauguré le 21
juillet 2015) y a remédié depuis le 09/09/2015.
Par ailleurs, le tableau dépeint dans le DPS[10]
reste d’actualité : les grandes entreprises et administrations ont généralement
informatisé leur gestion mais pas les PME/PMI ; l’industrie des
équipements et des consommables est quasi inexistante (hormis la maintenance et
le montage de quelques types de PC) ; la production du logiciel est à
l’état embryonnaire : on dénombre quelques logiciels spécifiques et quelques
rares progiciels (surtout de gestion commerciale et/ou de comptabilité)…
Tableau 1. Chiffres clés du secteur des TIC
en 2014 vs Reste du Monde (source : PNSD, Ministère du Plan RDCongo
2016). |
||||||
(pour 100 personnes) |
RDC |
AFRIQUE subsahara |
Pays à Revenu Intermédiaire |
Pays Emergents |
Pays à Revenu Elevé |
Objectif RDC 2021 |
Abonnés Tél.mobile |
53 |
71 |
87 |
101 |
125 |
> = 75 |
Internet user |
3 |
19 |
22,6 |
47,7 |
80,6 |
> = 10 |
Abonnés @ à Haut Débit fixe |
0,0007 |
0,4 |
2,4 |
12,4 |
28 |
> = 1 |
Lignes Tél |
0,06 |
1,1 |
3,4 |
17,6 |
39,6 |
> = 2 |
À ce jour, les causes à l’origine du
décrochage de la RDC par rapport aux pays de la région n’ont pas toutes
disparues.
Il s’agit principalement :
– Des causes historiques comme l’absence
d’investissement de la part de l’État pendant plus de trois décennies et la
dégradation inéluctable des réseaux et des performances techniques et
commerciales des exploitants publics OCPT (devenue la société commerciale SCPT
depuis 2013, détenue à 100% par l’État congolais) et RENATELSAT (exploitation des
stations terriennes et des liens satellitaires);
– Des causes locales ou endogènes liées à
l’environnement sectoriel comme les insuffisances de régulation (gestion des
fréquences et régulation de l’interconnexion entre autres choses);
– Des causes exogènes au secteur comme une fiscalité
(réputée complexe et lourde), un faible niveau de développement et une mauvaise
qualité des infrastructures (voies de communication, réseau électrique
défaillant…) qui alourdissent exagérément les charges d’investissement et
accroissent considérablement les frais d’exploitation.
Malgré ce tableau plutôt sombre, le
développement des TIC en RDC suscite de plus en plus d’intérêt, y compris
auprès de la population, notamment grâce à « l’amélioration du climat des
affaires » : le pays vient de connaître une croissance économique continue de
plus de 6% sur les 3 dernières années (2012-2015), au déflateur de PIB près. Par
ailleurs, la hausse de l’économie marchande s’accompagne d’un accroissement des
investissements dans le domaine des TIC notamment dans le secteur bancaire et dans le milieu universitaire : les Instituts
Supérieurs de la République et l’Université de Kinshasa (UniKin) ont été raccordés
récemment au réseau d’enseignement numérique continental ou NREN (National
Research and Education Network) dénommé eb@le en RDC.
Eb@le
- (un subnet du réseau « ubuntu@net.alliance »
basé en Afrique du Sud) - accède à un fonds documentaires & de recherche
des principales universités de l’Afrique australe.
Comme ailleurs en
Afrique, on observe en RDC le développement fulgurant de la téléphonie
cellulaire et des accès à des services offrant de la valeur ajoutée (monétique
comme M-pesa, vidéos numériques, applications Web 2.0…)
Le ralentissement économique courant 2016, du
fait de la dépendance du budget de la RDC aux prix des Matières Premières
(minerais) risque d’être fortement préjudiciable à la poursuite des objectifs
affichés : trop peu diversifiée, l’économie congolaise souffre d’une
addiction à l’exportation des minerais…
Les faiblesses de la RDC ont été recensées et
résumées dans la matrice SWOT figurant dans le PNSD déjà cité, (cf. le Tableau
2 Matrice SWOT complétée par nos soins); elles ne seront pas rédhibitoires pour
autant que les bonnes compétences soient utilisées à bon escient, hors des considérations
politiciennes.
Eu égard à l’expérience d’autres pays
africains précurseurs en la matière par rapport à la RDC, le développement
récent des TIC dans le pays amène certains responsables à se poser proactivement
la problématique de la défense des infrastructures informatiques concomitamment
à celle des usagers.
Cette prise de conscience aigüe, nous a amenés
à considérer la manipulation licite des données numérisées et à proposer une
Charte de Cyber-Défense et de Cyber-Sécurité[11]
pour la RDC de manière à
– 1) Assurer un
équilibre entre la protection des citoyens et celle des TIC, des accès à
l’Internet et des services pour la société dans son ensemble c’est-à-dire
veiller à ce que la sécurité ne soit pas seulement limitée à la sécurité des
réseaux contre les attaques, ni à la conservation des données personnelles
contre le piratage mais inclure des règles contraignantes qui empêchent les
entités d'hébergement à utiliser ou à partager les données stockées dans leurs
centres de données ou ‘infrastructure cloud’ (sous réserve de consentement
préalable des intéressés et de garantie du droit de rectification des données
personnelles) ;
– 2) Accroître la compréhension
de la relation entre l’accès à et l’utilisation de l’Internet et promouvoir le
respect et la défense des Droits de l’Homme qui est la clé d’une société
éthique, ainsi que le rôle du gouvernement à fixer les conditions pour la
pleine jouissance desdits Droits humains.
Tableau 2. MATRICE SWOT du secteur de l’économie numérique en RDCONGO.
FORCES (S) |
FAIBLESSES (W) |
Existence d’un cadre légal & d’une autorité de régulation du secteur
des TIC |
Absence d’une infrastructure nationale Haut Débit (>=Térabit) |
Disponibilité d’un réseau câblé (lignes fixes, ADSL, FO) & d’un
réseau radio (GSM, faisc. hertz. WIMAX et WIFI, réseaux satellites
avec passerelles) |
Modicité de l’investissement public dans le secteur |
Adoption de l’enseignement de l’informatique au niveau du secondaire |
Inexistence d’un Plan Numérique National |
|
Absence de certains textes réglementaires d’application (notamment
concernant le contrôle & la gestion des fréquences radio) |
Inexistence d’un Schéma Directeur National des réseaux métropolitains,
idem d’informatisation des services publics |
|
Sous-équipement des instituts d’enseignement des TIC |
|
|
|
Existence d’un marché pour les TIC en RDC vu la taille de la population |
Insuffisance de l’offre énergétique (mais potentiel faramineux !) |
Partenariat avec le NEPAD dans le cadre du projet de câble
sous-marin Eastern Africa
SubmarineSystem (EASSy) |
Déficit
infrastructurel |
Taux de pénétration des TIC (téléphonie mobile, Internet, TV-numérique,
etc.) encore très faible |
Faible Pouvoir d’Achat de la population |
Ratification par la RDC de la convention de l’Union Internationale des
Télécommunications (ITU) |
Fragilité du climat politique et existence de quelques poches
d’insécurité |
|
Main-d’œuvre (bien
ou à fortiori très) qualifiée insuffisante |
OPPORTUNITES (O) |
MENACES (T) |
|
|
DRC’s ICT SWOT MATRIX |
source : PNSD, Ministère du Plan RDC 2016; matrice complétée par nos
soins.
En Afrique, du point de vue du développement des TIC, le groupe de tête (décile
supérieur) est constitué des pays du Maghreb (avec mention à la Tunisie), de
l’Egypte, de la RSA et de l’Ile Maurice. Vient ensuite un peloton de quelques
pays de l’Est africain (Kenya, Ethiopie, Rwanda, Ouganda, Tanzanie…) et de
l’Afrique occidentale (Côte-d’Ivoire, Ghana, Nigéria, Cameroun…) ; puis on
trouve les mauvais élèves de l’économie numérique & des TIC et une caudale
(quartile inférieur) de (14) pays africains en risque de décrochage
irréversible.
Au cours de la décennie
2005-2015, les pays africains ont construit beaucoup d'infrastructures
d'information et de communication. Cela a entraîné une forte pénétration de la
téléphonie mobile (plus de 70%) et une augmentation significative de la
proportion d’Africains ayant accès à l’Internet. Il y a également eu dans
ce contexte, une augmentation de la fourniture des infrastructures à large
bande - fixes et sans fil : la
croissance a été fulgurante dans l'infrastructure de haut débit mobile avec des
taux de pénétration du haut débit mobiles passant de 2% en 2010 à près de 20%
en 2014. Bien que presque tous les pays soient désormais connectés à des câbles
de fibre optique sous-marins, l'accès haut débit fixe reste encore
faible : moins de 1% de pénétration ; tandis que le haut débit mobile
a comblé rapidement l'écart et affiche désormais une croissance à deux
chiffres, passant de 10.9% en 2013 à près de 20% en 2014.
Malgré
ce tableau quelque peu flatteur, plusieurs défis doivent être surmontés pour
améliorer l'accès et la connectivité en Afrique. Il s’agit entre autres :
-
de la fracture de l'infrastructure à large bande :
l'écart se creuse dans la fourniture d'infrastructures entre les pays
développés et l'Afrique d’une part, et entre l'Afrique urbaine et rurale
d’autre part;
- de l’insuffisance du réseau national de fibres
terrestres qui limite l'accès dans les pays sous-équipés; ce qui a pour
corollaire de rendre problématique l’interconnexion régionale du réseau de
fibres terrestres entre les pays africains ;
- du coût élevé de l'accès aux infrastructures de TIC
(câbles sous-marins) et des services dispendieux.
Autre défi de taille:
l'accès ne pourra être amélioré que si une grande capacité (en termes de
câbles à fibres optiques pour la
connectivité internationale) de l’ordre du Térabit, pouvait être exploitée pour
rendre le service universel à haut débit une réalité sur le continent.
Des discussions de la conférence «SMSI+10»
tenue à Addis-Abeba (Ethiopie) du 13 au 15 avril 2015, il ressort que les
remèdes à ces défis relèvent d’une thérapeutique qui devra s’appuyer sur les
axes qui suivent :
Axe 1 : Les
pays qui ne disposent pas déjà d'un plan national à large bande et de la
stratégie (de mise) en place doivent assurer qu'ils les auront le plus tôt
possible. La politique devrait comporter des objectifs
spécifiques et quantifiables en termes de couverture, de vitesse, des résultats socio-économiques… et
de l'environnement réglementaire pour garantir l'accès ouvert à
l'infrastructure;
Axe 2 : Les
pays devraient inclure dans leurs plans et stratégies nationales des TIC, le
développement de l'interconnexion avec les pays limitrophes afin de promouvoir
l'intégration régionale africaine dans le cadre du Traité d'Abuja sur la
Communauté Economique Africaine;
Axe 3 : Les
gouvernements et toutes les parties prenantes devraient favoriser l'accès
ouvert à l'infrastructure des TIC.
Dans cette optique, un partenariat
multipartite au niveau national (du type PPP) est essentiel pour faire
progresser le déploiement des infrastructures;
Axe 4 : Les
gouvernements et les parties prenantes devraient viser la fourniture du service
universel et donc améliorer les infrastructures à large bande pour le faire
tout en mettant en place un mécanisme réglementaire qui favorisera un prix
abordable pour la connectivité (ledit accès) à large bande.
La mise en œuvre des recommandations (Axe 1 à Axe 4) qui précèdent
devraient in fine aider à faciliter l’accès à l'information et à la connaissance ; d’autant plus qu’il est bon de noter que les
téléphones intelligents sont largement disponibles. Cependant,
le coût d'acquisition et / ou l'accès aux ressources et la mise à jour de
l'information restent très coûteux. Par exemple, en 2013, alors que l'Europe
connaissait un taux d’accès à l’internet le plus élevé au monde avec 77% de la
population connectés, l'Afrique - avec 7% des ménages connectés - était
le continent le moins bien loti pour les accès à l’Internet. En outre, la
qualité de l'accès est mauvais dans de nombreux pays africains, ce qui reflète
la piètre qualité et l’insuffisance des infrastructures des TIC. Une
variable importante dans le coût élevé de l'accès est que de nombreux pays
africains sont sans littoral et les connexions terrestres entre pays sont très
insuffisantes. Cela reste vrai aujourd’hui (fin 2016), même si des efforts
parfois notables selon les pays ont été
accomplis. En RDC, le taux de connexion à l’internet était encore inférieur à
5% en 2013 et il (n’) est (que) de 8% en 2015 (source ARPTC, derniers
chiffres connus) pour une population estimée à 70 millions d’habitants.
Ainsi, en dépit de l'expansion
(notable) de l'accès, l'Afrique continue à être confrontée à plusieurs
challenges dans ce domaine, notamment: 1°) les inégalités d'accès : alors
que le prix de l'accès aux TIC, et en particulier l'Internet, est en baisse
partout dans le monde, il reste sensiblement trop élevé dans de nombreux pays
africains afin d’assurer un accès équitable pour les citoyens et permettre aux
entreprises africaines d’être concurrentielles dans l'économie mondiale; et 2°) la faiblesse de
contenus locaux: capacité limitée à accélérer le développement et l'hébergement
de contenu africain (particulièrement par manque de fournisseurs du cru).
Pour surmonter ces écueils, comme convenu par
les participants à «SMSI+10», les gouvernements et toutes les parties
prenantes devraient :
– poursuivre les efforts
pour réduire le coût d'accès à l’Internet vu comme une passerelle vers la connaissance
et prendre en considération les besoins des pays sans littoral en termes
d'accès à la connectivité internationale ;
– accroître la disponibilité
de contenu en langues locales africaines comme moyen d'améliorer l'accès à
l'information pour l'ensemble de la population ;
– renforcer la capacité
des personnes et des institutions à profiter effectivement des possibilités
offertes par les logiciels libres et Open Source (FOSS := Free Open Source
Software) comme un moyen d'améliorer l'accès à l'information et au savoir.
L’Union Africaine (via le NEPAD et les OMD) et l’ensemble sous-continental SADC
recommandent l’utilisation de la plate-forme UBUNTU comme référentiel des
développements informatiques en Afrique. Ubuntu est une distribution LINUX
d’origine sud‑africaine (fondée sur DEBIAN et initiée en RSA en 1995 par la
société éponyme). Cette distribution se décline en UBUNTU_TOUCH pour la
mobilité ;
– promouvoir le
développement de dépôts pour le contenu développé grâce à des solutions Open
Source (FOSS) et donc le recours à UBUNTU & UBUNTU_TOUCH ;
– renforcer le
développement de contenu basé sur les connaissances socio-culturelles locales
de l’Afrique et développer des centres de ressources à cet effet ;
– favoriser le développement de contenu et de
services locaux et l'hébergement de contenus africains chez des fournisseurs
africains en Afrique.
Il est donc plus que
jamais indispensable que les gouvernements jouent le rôle de premier plan dans
la formulation des politiques et stratégies TIC (réalisation d’infrastructures
de communication et d'information (NICI)) ainsi que dans la réglementation du
secteur. A leur côté, les acteurs non gouvernementaux doivent investir les
stratégies nationales via un processus participatif crédibilisé : le PPP
ou Partenariat Public-Privé.
Pour y parvenir,
rappelons incidemment que la revue décennale « SMSI+10: Perspectives pour
l’Afrique » (2015) a relevé les défis clés suivants :
– Le secteur
public reste (trop) dominant dans la gouvernance et la promotion des TIC pour
le développement. Trop souvent, le secteur privé, les organisations de la société
civile et d'autres parties prenantes jouent un rôle très limité et insuffisant. Cela
découle en partie du manque de clarté sur le rôle des parties prenantes, la
nature technique des questions dans lesquelles de nombreux intervenants
manquent de compétence(s) et l'absence de loi & réglementation devant régir
le secteur (rôles des parties prenantes) ;
– Une participation
insuffisante des agences internationales concernées par le développement humain
(par opposition à la technologie / technique) ;
– La nature changeante
de la participation du secteur privé (en particulier la domination croissante
d'un petit nombre d'entreprises transnationales dans le secteur de l'Internet
et des TIC : les GAFAM[12]).
L’épanouissement de la Société de l'Information post-2015 en Afrique
devra (donc) impérativement voir les décideurs continentaux[13] ;
– souligner la nécessité
de l'engagement de toutes les parties prenantes, y compris les acteurs du
secteur privé et de la société civile, des organisations privées au modèle
multipartite, et cela aux niveaux mondial, régional, sous-régional et national ;
– appliquer
l'approche participative impliquant le gouvernement, le secteur privé, la
société civile, les milieux universitaires et des partenaires internationaux
acteurs du développement afin de construire une Société de l'information
inclusive, centrée sur les personnes ;
– relancer la
coopération Sud-Sud en plus de la coopération Nord-Sud à travers l'échange des
meilleures pratiques dans le processus de développement de la Société de
l'information et donc (en définitive) du Gouvernement Ouvert ;
– diversifier les sources de
financement du développement pour garantir sa durabilité.
Eu
égard à la disproportion entre les besoins des africains et la faiblesse des
investissements mobilisés, nous suggérons que les pays africains s’ingénient à
créer des mécanismes de financement innovants et à mobiliser des moyens venant
d’un large éventail de sources, dont les sources publiques et privées,
bilatérales et multilatérales, intérieures (c’est-à-dire intra-africaines) et
internationales.
On pourrait envisager, par exemple, une approche hybride
entre investissements privés et régulation souple modulée par l’État en toute
transparence. Cette approche originale aurait l’avantage de favoriser un marché
très concurrentiel dans lequel il ne serait pas exclu d’avoir quelques
champions économiques nationaux (sociétés commerciales dans lesquelles l’État
serait majoritaire). Pour favoriser l’intégration africaine, ce modèle pourrait
s’étendre progressivement au niveau sous-régional, régional puis continental.
Indubitablement, le développement des TIC en Afrique doit
être socialement responsable et économiquement soutenable pour être partagé par
tous et profiter à tous.
Pour y prétendre, la
Commission Economique pour l’Afrique (C.E.A., Union Africaine), après tant
d’autres, tire la sonnette d’alarme : « malgré les abondantes
ressources naturelles du continent, plus de 70 % des Africains vivent avec
moins de 2 dollars par jour et les inégalités se creusent » et la fracture
numérique s’accroît concomitamment.
L’accès universel au
cyber-espace fait partie des problématiques émergentes qui vont du changement
climatique & de la conservation des ressources naturelles aux problèmes
sociétaux concernant le genre et les jeunes, en passant par les considérations
sur l’économie verte, l’énergie, les TIC & l’innovation et la
cybercriminalité, le transfert des connaissances & des technologies, les
cités intelligentes ou ‘smart cities’, etc.
Or les Sciences et la
Technologie jouent un rôle clef pour assurer la croissance économique et
sociale et autorisent la réduction des inégalités de diverses natures. En
effet, - comme le souligne Mr Mactar Seck de la CEA (ONU, Addis-Ababa) dans un
exposé sur «Les nouvelles questions émergentes et le rapport entre Science et Politiques»[14],[15] - les USA attribuent 90% de leur croissance
économique sur la période 1909-1949 aux progrès des sciences et des techniques.
L’Afrique – nantie actuellement de 13,4% de la population mondiale (et avec des taux de natalité parmi les plus
élevés au monde)- ne consacre que 0,42% de son P.I.B. à la R&D or il en
faudrait au moins 1%. Sur le continent africain, à ce jour (fin 2016), seule la
Tunisie satisfait ce critère international avéré de développement.
Pourtant des efforts
appréciables ont été fait.
Au-delà de la
satisfaction des besoins primaires, la CEA (Commission Economique pour
l’Afrique, ONU) constate que l’accès à l’énergie est un grave problème qui pèse
sur le développement durable en Afrique…Elle préconise qu’ « il serait
essentiel de s’écarter des tendances actuelles des investissements pour aller
vers des schémas plus durables afin de favoriser la consommation et la
production durables dans des domaines stratégiques en Afrique, tels que
l’efficacité énergétique, l’utilisation efficace des ressources et la symbiose
industrielle...
de sorte que l’intégration systématique de la consommation et de la production
durables dans les programmes d’enseignement et de formation à tous les niveaux
contribue au succès de leur application en Afrique »[16].
Une condition nécessaire incontournable est que
dans le contexte d’une harmonisation des politiques au niveau national, régional (en faveur de
l’intégration) et continental, les dirigeants des
milieux politiques, économiques, technologiques et de la société civile
d’Afrique se fassent les champions du développement et du transfert de
technologies relatives à la consommation et à la production durables.
Il
nous semble nécessaire et important de souligner ici que les facteurs clés de
développement soutenable/durable peuvent être définis selon 3 points de vue
(non exclusifs) :
Primo,
le point de vue éthique lié à la bonne gouvernance (et au problème de la
corruption des dirigeants africains) ; Secundo, le point de vue financier (et
le problème de l’insuffisance pour ne pas dire l’inexistence des investissements
directs intra-africains) ; Tertio, le point de vue énergétique et sociétal
(en y incluant l’éducation, la santé et le bien-être des populations c’est‑à‑dire
prendre en compte l’IDH ou indice de développement humain des africains).
Quelle
que soit l’approche adoptée, l’énergie
constitue la pierre d’angle de toute architecture de développement car
l’énergie – notamment l’énergie électrique – est indispensable à toute activité
économique, y compris pour les TIC. C’est donc - en premier - par l’énergie
que l’on se doit d’aborder la réduction de la fracture numérique.
L’implantation des infrastructures larges bandes concomitamment à l’éducation
& la formation aux TIC (tout au long de la vie) suivront.
Si
l’on distingue les activités domestiques des activités industrielles « énergi-voraces »
et nécessitant également des investissements financiers colossaux dont
l’Afrique manque cruellement, il sera possible d’apporter une satisfaction
quasi-immédiate aux besoins des populations africaines en matière
d’approvisionnement énergétique (électrique) grâce aux énergies renouvelables
(ENR), en particulier du solaire.[17]
Notons d’emblée, qu’aucune technique d’approvisionnement énergétique ne
constitue à elle seule la panacée; mais les ENR - et principalement le solaire
PV – constituent la voie royale vers la satisfaction des besoins énergétiques
domestiques africains. C’est assurément, la solution décentralisée la plus
efficiente en vue de l’émancipation des populations grâce à la disponibilité (accès à) et à l’utilisation rationnelle de
l’énergie et des ressources, y compris en définitive les ressources de
l’économie numérique.
Le financement de l’achat d’une installation type Energie
Renouvelable (EnR) pour les particuliers devrait s’organiser préférentiellement
par la mise en œuvre du micro-crédit à la consommation, encadré par l’État ou
localement (au niveau de la Province ou de la Région). Cette solution du
micro-crédit (voir schéma du mécanisme ci-après), dont une variante est déjà
mise en œuvre au Burkina-Faso par exemple a l’avantage d’apporter une
satisfaction immédiate des besoins en électricité domestique tout en autorisant
la collection des surplus de production (via la mise en réseau « grid » au niveau
local (village, quartier) et régional des particuliers équipés de solution PV) dès lors que la société nationale de
distribution d’électricité est (ou sera) en capacité de le faire dans un réseau
électrique idoine et par la mise en
œuvre de compteur-décompteur électrique. [18]
Grâce au solaire PV, la plupart des africains seront
ainsi des consommateurs-producteurs d’énergie électrique capables d’accéder au
cyber-monde sans augmentation de la pollution carbone liée aux énergies
fossiles.
FIGURE
2. MECANISME MICROCREDIT ENERGIE
Alliée au
développement des TIC (infrastructures large bande, FOSS, applis et apports des TIC dans tous
les aspects de la vie), le solaire PV et les autre énergies
alternatives ou ENR (partout où c’est possible) seront ainsi un levier
formidable pour le développement vert (& bleu) de l’Afrique et la réduction
de la fracture numérique.
Outre
ces aspects, il faudra renforcer l’utilisation effective des cadres de suivi (y
compris statistique) et de compte-rendu existants, dont le Mécanisme Africain
d’Evaluation par les Pairs (comme garantie effective de l’éthique des
dirigeants et de la bonne gouvernance en Afrique; avec prise en compte
d’indicateurs tel celui de Mo-Ibrahim).
L’ensemble des
considérations qui précèdent concourt à créer
un environnement propice (en terme d’infrastructures et de renfort des
capacités). Mais pour établir la confiance et la sécurité dans l'utilisation
des TIC il serait de bon aloi de veiller aux
dimensions éthiques de la société de l'information tout en privilégiant
la coopération régionale et internationale dans le respect des diversités
(culturelles, linguistiques) et la promotion des contenus locaux. Il va sans dire
que cela nécessite du financement (selon une ingénierie financière originale) et une
mobilisation des ressources, de la technologie et l'innovation.
Tout cela dans un cyber-contexte garantissant la paix et la sécurité sans minimiser l’importance cruciale des
problèmes nouveaux et émergents liés à la cyber-criminalité & à la
cyber-sécurité qui conditionnent désormais la paix et la sécurité des pays (mise en place de CERT ou Computer Emergency
Readiness Team au niveau national et
régional)[19],[20].
D’où l’impérieuse nécessité des autorités publiques et de toutes les
parties prenantes de promouvoir les TIC pour le développement et la gouvernance,
garantir l’Accès (Universel) à
l’énergie, à l'information et à la connaissance dans le respect des libertés
individuelles.
Le renforcement des capacités dans la flexi-sécurité – depuis l’école et
tout au long de la formation & de la vie – sera la clef de voûte de ce
modus vivendi.
C’est à l’aune de cette
démarche holistique de développement soutenable (selon les 3 axes cardinaux et
corrélés que sont l’économique, le social et l’environnemental et en prenant
appui sur les ENR, les TIR (avec mise en œuvre des applications FOSS et des
infrastructures à large bande) et une ingénierie financière idoine) que
l’Afrique réduira la fracture numérique dans toutes ses dimensions.
Ministère du PLAN (RD
Congo), Plan National Stratégique de Développement (PNSD), Septembre 2016.
Ministère des Postes,
Téléphones et Télécommunications (RD Congo), Document de Politique Sectorielle
(DPS), Juillet 2009.
Ministère PTNTIC (RD
Congo), Atelier CEEAC 2015 sur la Cyber-Défense et la Cyber-Sécurité, Kinshasa
(RDC) : État des lieux du secteur des Télécommunications et des TIC de la
RD Congo & Proposition de Charte de cyber-défense et de cyber-sécurité,
présenté par Dr MUBANGA-NYEMBWE, Août 2015.
Ministère PTNTIC (RD
Congo), RAPPORT DE MISSION à l’African Regional Forum on
Sustainable Development (A.R.F.S.D.) C.E.A., Addis-Ababa (Ethiopia) 16-18 Juin
2015 -, présenté par Dr MUBANGA-NYEMBWE
JP, Conseiller. 30 Juin 2015.
Atelier CEEAC 2015 sur
la Cyber-Défense et la Cyber-Sécurité, Kinshasa (RDC) : Aperçu sur
l’implantation des TIC en RDC, présenté par Pr Dominique MWEZE Chirhulwire
Nkingi (Université Catholique du Congo),
24 Août 2015.
UNECA, Communication à
l’ARFSD : L’approvisionnement
énergétique domestique, un facteur clef du développement de l’Afrique, présenté
par Dr MUBANGA-NYEMBWE
JP, Consultant ICT. CEA, Addis-Ababa (Ethiopia) 16-18 Juin 2015.
The African Information Society Initiative (AISI): A decade’s
perspective by the
Economic Commission for Africa, P.O. Box 3001 Addis Ababa, Ethiopia
Web:
www.uneca.org/sites/default/files/publications/
Commission Economique pour l’Afrique (CEA Nations
Unies/UNECA) : Neuvième session du Comité du
développement durable et Forum régional africain pour le développement durable,
Addis-Abeba, 17-18 juin 2015.
Web://www.uneca.org/publications/economic-report-africa-2015.
CEEAC, Actes de
l’Atelier sur la Cyberdéfense et la Cybersécurité à Kinshasa (RDCongo) 24-26
Août 2015. (CEEAC/ECCAS.org)
Final WSIS Targets Review:
Achievements, Challenges and the Way forward. ITU 2014 (WSIS+10).
WSIS+10 Regional Review Meeting
14_16 April 2015 UNECA Addis-Ababa, Ethiopia.
Zimmerman C., Ten Strategies of a
World-Class Cybersecurity Operations Center © MITRE, 2014.
[1] Ce Document de Politique
Sectorielle sera noté DPS-2009 ou tout simplement DPS dans la suite.
[2] Ministère des Postes,
Téléphones et Télécommunications (RD Congo), « Document de Politique
Sectorielle (DPS) », Juillet 2009.
[3] Ministère du PLAN (RD
Congo), « Plan National Stratégique de Développement (PNSD) »,
Septembre 2016.
[4] NB : L’objectif affiché dans « la
Feuille de Route du 08/12/2014 » du (nouveau) pensionnaire du Ministère des
PTNTIC est d’atteindre les 30 millions d’abonnés (fixe & mobile) et de
construire les Rings & les réseaux d’accès à fin 2016. A quelques semaines de l’échéance, cela
s’apparente de plus en plus à un vœu pieux…
[5] Atelier CEEAC 2015 sur
la Cyber-Défense et la Cyber-Sécurité, Kinshasa (RDC) : «Aperçu sur
l’implantation des TIC en RDC», présenté par Pr Dominique MWEZE Chirhulwire
Nkingi (Université Catholique du Congo),
24-26 Août 2015.
[6] CAB5 est la 5e phase du
programme Central African Backbone de déploiement de la fibre optique haut
débit sur le continent africain. Et IXP est l’acronyme pour Internet
Interconnection Provider ou encore Internet
eXchange Point.
[7] Big Money fait référence
à l’influence (occulte?) des milieux d’affaires et/ou de la Finance
internationale avec le corollaire de la corruption des dirigeants…Terme
comparable à l’expression Big Oil ou Big Business mutatis mutandis.
[8] Ministère des Postes,
Téléphones et Télécommunications (RD Congo), « Document de Politique
Sectorielle (DPS) », Juillet 2009.
[9] G2G interlocuteurs ou
acteurs intra-gouvernement, G2B Gouvernement à Business, G2C Gouvernement à
Citoyen (usager des services; acronyme dérivé de l’anglais ‘Government to
Consumer’).
[10] Ministère des Postes, Téléphones et Télécommunications (RD Congo), Document
de Politique Sectorielle (DPS), Juillet 2009.
[11] Ministère PTNTIC (RD
Congo), Rapport Atelier CEEAC 2015 sur la Cyber-Défense et la Cyber-Sécurité,
Kinshasa (RDC) : État des lieux du secteur des Télécommunications et des
TIC de la RD Congo & Proposition de Charte de cyber-défense et de
cyber-sécurité, présenté par Dr MUBANGA-NYEMBWE, Août 2015.
[12] GAFAM acronyme pour Google, Apple,
FaceBook, Amazon & Microsoft.
[13] Commission
Economique pour l’Afrique (CEA/UNECA) : Neuvième session du Comité du
développement durable et Forum régional africain pour le développement durable,
Addis-Abeba, 17-18 juin 2015.
Web: //www.uneca.org/publications/economic-report-africa-2015.
[14] The African Information Society Initiative (AISI): A decade’s
perspective by the Economic Commission for Africa, P.O.
Box 3001 Addis Ababa, Ethiopia
Web : www.uneca.org/sites/default/files/publications/.
[15] Ibidem.
[16] Commission économique
pour l’Afrique (UNECA) : Neuvième session du Comité du développement durable et
Forum régional africain pour le développement durable, Addis-Abeba, 17-18 juin
2015.
Web :
//www.uneca.org/publications/economic-report-africa-2015.
[17] CEA/UNECA, Communication à l’ARFSD (ONU): « L’approvisionnement
énergétique domestique, un facteur clef du développement de l’Afrique »,
présenté par Dr MUBANGA-NYEMBWE
JP, Consultant ICT. Addis-Ababa (Ethiopia) 16-18 Juin 2015.
[18] Dans le schéma du mécanisme
crédit-énergie, il est bon de noter que
le dimensionnement des installations des particuliers et le plan de financement
sont ou seront à traiter au cas par cas. La structure de sensibilisation pourra
être locale ou étatique.
[19] Cette problématique
dépasse le cadre de notre présent propos. Pour les lecteurs intéressés, se
reporter à la contribution mentionnée dans la bibliographie [3,11].
[20] Zimmerman C., «Ten Strategies of a World-Class
Cybersecurity Operations Center» © MITRE 2014.